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Anti_Lapidaire - 2020
 

C’est le temps qui est donné à ceux qui posent leur regard et leurs questions sur ces images et qui n’y voient dans un premier temps que quelques photos avant d’y découvrir des histoires.

Dans ce « pourquoi pas photographique », c’est-à-dire « dois-je photographier telle scène ou pas ? », Il y a un rapport intime entre l’immédiateté et le presque rien. Le sujet réside dans ce qui n’est pas montré mais indubitablement caché, dissimulé derrière une vague porte de placard ou un monolithe noir, une tête de cheval floue ou encore deux gouttières ; chaque image raconte une histoire contenue, une idée vaporeuse que le photographe laisse ouverte à l’imaginaire de chacune et de chacun. Et toutes forment un ensemble à l’écriture et à la lecture multiples.

C’est un monde intérieur qui se montre et se construit en se fissurant dans les clairs obscurs, là où le réel devient instable et incohérent dans la machine du regard qui donne à voir. Car pour chacune des photos, il y a plusieurs regards : celui du photographe qui donne à voir et celles et ceux qui la regardent, la font leur l’espace d’un instant, ou plus, en construisant leur propre histoire et en continuant celle du photographe qui se laisse aller aux caprices et aux incertitudes maîtrisées de l’appareil, cherchant dans ces inconstances un caractère profond.

Ces photographies sont des méditations momentanées du réel, des contemplations vidées de leurs idées concises, rapides et trop simples. Avec ce genre d’appareil on s’habitue aux cadrages incertains et cette incertitude se fait nôtre. Aucune photographie n’est simple à faire, encore moins à montrer, car elles montrent chacune une part des auteurs, une sorte de psychanalyse morcelée en dégradée de gris sur du papier.

Travail réalisé au Brownie Camera, année 60-70, films argentiques.

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